Webinaire sur la révolution de la construction hors-site en France, avec Sébastien Matty, président de GA Smart Building, et organisé par l’Institut de l’Épargne Immobilière et Foncière (IEIF)
Evénement

« Avec le hors-site, le bâtiment va faire sa révolution industrielle, autant dans la construction neuve que dans la rénovation » Sébastien Matty, Président de GA Smart Building

26.06.2024

Le 23 mai dernier, l’Institut de l’Épargne Immobilière et Foncière (IEIF) a organisé un webinaire avec Sébastien Matty, notre Président, et Pierre Etchegoyhen, Directeur de l’architecture d’I3F, sur le thème « La Construction Hors-Site : Révolution du Secteur Bâtimentaire en France », qui a mis en lumière les enjeux et les perspectives de cette méthode innovante. Ce webinaire s’inscrit dans une série d’événements visant à sensibiliser au rôle des individus et des entreprises dans la lutte contre le changement climatique.  

Séquences choisies de l’intervention de Sébastien Matty sur la construction hors-site :  

Qu’est-ce que la construction hors-site ?​

La construction hors-site repose sur une méthodologie bien définie : tout commence par la modélisation des éléments de structure, de façades, de métallerie et des équipements du bâtiment en utilisant le Building Information Modeling (BIM). Le BIM offre une représentation numérique détaillée de toutes les phases de la construction. Il facilite la planification précise et la coordination entre les intervenants, minimisant ainsi les retards et les erreurs sur le chantier. 

Une fois les éléments modélisés, place à la fabrication. Dans nos 9 usines françaises, les composants du bâtiment sont produits avec une précision inégalée. Grâce à des normes rigoureuses et des contrôles qualité stricts, chaque pièce est fabriquée selon les spécifications exactes du modèle BIM. Une fois fabriqués, les éléments sont soigneusement transportés sur le chantier, prêts à être assemblés sur site. 

Qu’est-ce que la construction hors-site change ?

La construction hors-site change plusieurs aspects de la construction traditionnelle. Tout d’abord, elle réduit considérablement les délais de construction. Les éléments étant préfabriqués en parallèle d’autres travaux sur le site, cela permet de gagner du temps. De plus, ce mode de construction réduit les perturbations sur le chantier et dans l’environnement immédiat, car l’assemblage sur site est plus rapide et moins invasif. En outre, la construction hors-site améliore la qualité des constructions grâce à la précision et au contrôle qualité exercé en usine. 

Est-ce que la construction hors-site est plus rapide ?​

La construction hors-site est effectivement plus rapide. Les projets sont réalisés 30 à 50 % plus rapidement. Le fait de produire les éléments en usine tout en préparant le site de construction permet de réduire la durée totale du projet. De plus, les conditions de confort en usine permettent de travailler sans interruption due aux conditions météorologiques, ce qui est souvent un facteur de retard sur les chantiers traditionnels. 

Voici des exemples concrets de projets qui témoignent de l’efficacité de la construction hors-site : 

Est-ce que la construction hors-site est bas carbone ?

Face aux niveaux importants d’émissions de gaz à effet de serre et de déchets produits par le secteur du bâtiment, le hors-site s’impose comme une solution pour la décarbonation de l’industrie. Cette méthode se tourne notamment vers des matériaux biosourcés et géosourcés pour réduire son impact environnemental. Selon une étude réalisée en 2019 par McKinsey, 20 % des bâtiments mondiaux devraient être construits en hors-site d’ici 2030. En France, l’objectif est d’atteindre 50 % de l’immobilier neuf en hors-site d’ici 2031. 

La construction hors-site réduit considérablement l’empreinte carbone en utilisant des matériaux durables, en optimisant leur usage, et en employant des sources d’énergie renouvelable, ce qui améliore l’efficacité énergétique et réduit les déchets.  

Le transport des éléments préfabriqués est optimisé pour minimiser les trajets et les émissions de CO2, tandis que la production en usine assure une efficacité énergétique optimale. La construction hors-site intègre l’économie circulaire pour maximiser l’efficience des matériaux, économiser la matière et réduire les déchets. Enfin, cette méthode permet une adoption rapide des innovations technologiques, contribuant à une construction plus durable et efficace. 

Illustration concrète : le chantier d’1Pulsion, qui compte 13 000 m² de bureaux pour le compte d’Espaces Ferroviaires à Toulouse, a émis 30 % de gaz à effet de serre en moins qu’un chantier traditionnel grâce à la construction hors-site. 

Est-ce que la construction hors-site est moins chère ?

La construction hors-site est moins chère. Dans certains dispositifs, elle peut être de 10 à 15 % moins chère que la construction traditionnelle, à condition d’intégrer le hors-site dès la conception (DFMA – Design for Manufacture and Assembly.) La production en série des éléments de construction permet de bénéficier d’économies d’échelle. La réduction du temps de chantier diminue les coûts de main-d’œuvre et les frais indirects liés à la durée du projet, comme la location de matériel et les services de sécurité. En outre, le contrôle accru sur la qualité et les délais de production en usine réduit les risques de retards et de dépassements de budget, ce qui peut générer des économies supplémentaires pour le maître d’ouvrage. 

Les projets suivants l’illustrent :  

  • Le grEEn-campus de Stellantis, qui compte 40 000 m² de bureaux avec 8 bâtiments, permet une réduction des coûts de 10 à 15 %.   
  • Les Villages en Ville, des hameaux résidentiels de 500 m², offrent une économie estimée à environ 10 %. 

Est-ce qu’il y a d’autres avantages à la construction hors-site ? 

Oui, il y a plusieurs autres avantages à la construction hors-site. En plus de réduire l’empreinte carbone et de réduire les coûts, la construction hors-site offre une meilleure qualité et une plus grande précision grâce à la fabrication en environnement contrôlé. Cela permet de minimiser les erreurs et les défauts de construction. De plus, cette méthode réduit les perturbations sur le site de construction et les nuisances pour les voisins, car la majorité du travail est effectué en usine. Enfin, elle améliore la sécurité des travailleurs, car les conditions de travail en usine sont souvent plus sécurisées et mieux contrôlées que sur un chantier traditionnel. 

Quelles classes d’actifs sont concernées par la construction hors-site ?

Pour les bureaux neufs, des projets significatifs tels que ceux réalisés pour Safran à Malakoff, avec 22 000 m² de bureaux, le Campus Thales Bordeaux de 60 000 m² de bureaux et d’activités, Gardens, le nouveau siège social du Groupe Up à Gennevilliers, illustrent l’adoption croissante de cette méthode. 

Dans le domaine de l’activité et de la logistique, des projets tels que ORY4 à Brétigny-sur-Orge, l’Hôtel Logistique des Ardoines à Vitry-sur-Seine, qui compte 35 000 m² de logistique à étages pour Sogaris, ou encore l’Usine Idemia à Vitré qui comprends 5 500 m² de halle industrielle et 2 800 m² de bureaux, montrent l’efficacité de la construction hors-site pour des infrastructures de grande envergure. 

Le secteur résidentiel est également concerné par la construction hors-site, avec des exemples comme Synapses à Courbevoie, la 1ère tour 100 % modulaire bois en France, le 1er démonstrateur de logements en accession 100 % hors-site bois à Saint-Cyr-l’École, ou encore la 3ème tranche de la Cartoucherie à Toulouse, qui sera le 1er quartier hors-site de France avec 600 logements, qui témoignent de l’application de cette méthode pour des projets de logements diversifiés. 

En ce qui concerne les actifs spécialisés, des réalisations telles que le pôle de consultations en modulaire bois de 5 000 m² réalisé en 9 mois pour l’Hôpital Nord-Ouest de Villefranche-sur-Saône, le Collège Simone Veil à Saint-Priest construit en 11 mois avec des techniques de construction bois, MMV Etoile des Sybelles au Corbier, la 1ère résidence hôtelière conçue 100 % modulaire bois dans une station de ski, démontrent l’adaptabilité de la construction hors-site à des besoins spécifiques. 

Et peut-on faire de la rénovation hors-site ?

La rénovation est également concernée par l’approche hors-site, comme en témoignent des projets tels que la rénovation de bureaux et commerces à Paris 11ème pour PAREF, la surélévation de La Poste à Toulouse et la réhabilitation thermique d’une tour de logements au Mans pour Sarthe Habitat. Ces exemples montrent que la rénovation hors-site est une solution efficace pour moderniser et améliorer des bâtiments existants. 

La construction hors-site risque-t-elle de générer une perte de qualité architecturale et une certaine standardisation des bâtiments ?

Bien que la construction hors-site puisse soulever des inquiétudes quant à la standardisation et à une possible baisse de la qualité architecturale, elle présente également des avantages significatifs. D’une part, la qualité et la pérennité des constructions sont souvent améliorées grâce à un processus de production contrôlé et répétable, qui réduit les nuisances sur site et assure une meilleure qualité de réalisation. D’autre part, l’innovation et la personnalisation ne sont pas sacrifiées. Grâce au Building Information Modeling (BIM) et à la modélisation numérique, chaque projet peut être personnalisé tout en profitant des avantages de la préfabrication.  

Ces technologies permettent de concevoir des bâtiments uniques et variés, tout en bénéficiant de la précision et de l’efficacité de la production en usine. Ainsi, loin de générer une perte de qualité architecturale, la construction hors-site peut, au contraire, offrir des solutions innovantes et de hautes qualités adaptées aux besoins spécifiques de chaque projet. 

Quels sont les freins de la construction hors-site, et comment les surmontés ?

Les freins de la construction hors-site incluent la nécessaire transformation de la filière​ ainsi que l’investissement industriel complexe. 

Cependant ils peuvent être surmontés grâce à une planification rigoureuse et une collaboration étroite entre les différents acteurs. Tout d’abord, il est crucial de renforcer la collaboration en amont entre les architectes, les fabricants, les constructeurs et les maîtres d’ouvrage dès les phases de conception. Cette synergie permet de mieux anticiper les besoins, d’optimiser la production en usine et de faciliter l’assemblage sur le chantier. 

Ensuite, l’investissement industriel dans la préfabrication dépend de la visibilité et de la confiance dans les volumes à produire. Pour assurer cette confiance, un soutien fort des pouvoirs publics est nécessaire, ainsi que l’engagement des acteurs de la filière. En effet, les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle clé en offrant des incitations et des garanties pour les projets de construction hors-site, tandis que les acteurs de la filière doivent s’engager dans des partenariats durables pour stabiliser la demande et encourager les investissements nécessaires. Grâce à ces approches, les défis logistiques peuvent être efficacement gérés, ouvrant la voie à une adoption plus large et plus réussie de la construction hors-site. 

Où en est la construction hors-site aujourd’hui et qu’elles sont les perspectives futures ?

La construction hors-site est en marche ! En effet elle connaît aujourd’hui une dynamique significative, soutenue par des initiatives gouvernementales et l’engagement des acteurs du secteur. Plusieurs déclarations récentes illustrent cet appui institutionnel. Gabriel Attal a affirmé à Villejuif le 14 février 2024 que le gouvernement continuerait à accélérer la production hors-site, Emmanuel Macron a exprimé sa foi en cette méthode lors de l’inauguration du village olympique et paralympique le 29 février 2024, et Guillaume Kasbarian a demandé le 15 mai 2024 à tous les établissements publics d’aménagement de s’engager davantage dans cette voie. Ces prises de position visent à encourager les établissements publics à adopter cette méthode de construction.  

Parallèlement, les acteurs de la filière se mobilisent à travers l’association Filière Hors-Site France, créée en mars 2024. Les maîtres d’ouvrage ainsi que des aménageurs publics se sont engagés à développer 5 millions de m² en construction hors-site d’ici 2031. Ces efforts conjugués laissent entrevoir un avenir prometteur pour la construction hors-site, avec une augmentation attendue de sa part de marché et une amélioration continue des techniques et des processus de fabrication. 

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