Pour les acteurs de l’immobilier et du bâtiment, le chemin vers la maquette numérique passe souvent par le choix d’une plateforme et/ou d’un format de fichier. Une décision qui mérite d’être longuement mûrie car elle a forcément des conséquences (heureuses ou fâcheuses) sur le succès des futurs chantiers. Olivier Pellegrin – Responsable Ingénierie BIM du Groupe GA – partage son expérience et ses conseils.
Comment le Groupe GA a abordé ce choix délicat des plateformes et formats BIM ?
Indépendamment du BIM, nous utilisions déjà depuis une dizaine d’années des outils de modélisation pour différents métiers comme la conception d’équipements de traitement d’air ou l’industrialisation de produits béton. Nous disposions donc d’une longue expérience sur ces sujets. En 2014, le BIM a commencé à émerger en France. Nous avons alors considéré qu’il serait assez simple de valoriser cette expérience afin de modéliser désormais l’ensemble des bâtiments et plus seulement quelques éléments séparés. Il ne s’agissait alors pas seulement de créer de belles maquettes, mais plutôt de rendre nos processus constructifs plus efficaces et d’améliorer l’exploitation de nos réalisations. Le Groupe GA m’a alors donné six mois pour définir un plan d’action. Il s’agissait notamment d’étudier ce qui existait sur le marché, de définir nos besoins et d’imaginer des méthodes de travail avec nos partenaires.
Quelles ont été les conclusions de cette phase de réflexion ?
Nous nous sommes très vite rendus compte qu’en matière de maquette numérique, nous ne pourrions pas appliquer la même approche que celle retenue par l’industrie aéronautique. A savoir : imposer à tous les acteurs de travailler sur le même outil logiciel. Nous aurions alors risqué de freiner l’adoption du BIM et même de ralentir le rythme de nos chantiers. De toute façon, il existait déjà presque un logiciel différent par métier. Il semblait donc impossible d’internaliser le travail de tous ces métiers. En revanche, nous souhaitions faire en sorte que nos partenaires puissent nous retranscrire facilement leurs informations. Nous avons alors découvert un format standard d’échange : IFC. Celui-ci offrait une belle promesse d’interopérabilité. Nous avons également conclu à la nécessité de rédiger des documents contractuels en amont pour définir les règles de modélisation. Passé cette étape, il nous manquait encore une brique essentielle : comment les personnes vont échanger l’information facilement ? Nous avions besoin d’un outil collaboratif d’échange.
C’est le rôle des plateformes. Laquelle a eu votre préférence ?
Nous nous sommes orientés vers Trimble Connect. Nous nous sommes rapidement lancés avec un projet pilote : le Campus Thales Bordeaux dès 2015. Ce chantier a été une véritable locomotive. Il nous a aidé à mettre en place la plateforme, à monter en compétence sur le format IFC et à donner naissance à un écosystème BIM en interne et en externe. Grâce à ce travail exigeant nous avons désormais une équipe BIM totalement opérationnelle. Nous le vivons comme une petite victoire car, il y a trois ans, beaucoup de fournisseurs ou de confrères étaient sceptiques. Depuis, nous avons démontré la faisabilité de notre démarche et remporté plusieurs prix professionnels, notamment le Tekla Gobal BIM Awards niveau Monde. Cela nous a offert une belle reconnaissance et nous a permis de poursuivre notre démarche d’innovation, notamment sur le thème du BIM exploitation. Depuis, l’ensemble de nos projets sont développés en BIM.