Pour la rénovation bâtiment l'utilisation de la maquette 3D BIM est efficace d'après l’architecte François Pélegrin.
Et demain ?

« La maquette numérique BIM va rapidement s’imposer pour la rénovation » François Pélegrin

01.06.2017

Au sein de son agence, l’architecte François Pélegrin utilise la maquette numérique depuis près de 30 ans.

Y compris pour la rénovation, à l’image du chantier de la tour Super Montparnasse qu’il a réalisé – en association avec Lair et Roynette Architectes – à Paris en 2015. Dans une interview exclusive, François Pélegrin revient sur les atouts de la maquette numérique pour la rénovation.

Qu’est-ce que la maquette numérique peut apporter à la rénovation ?

Je prendrais la question à revers : aujourd’hui il est facile d’évaluer ce que coûte l’absence de maquette numérique lors d’une rénovation. La maquette numérique sert en effet à constituer une base de données fiable d’un bâtiment. C’est un outil très pratique pour sa gestion, son entretien, sa modification ou bien sa remise en état après un sinistre. Tous ceux qui font de la rénovation adoreraient disposer de la maquette numérique de l’état existant. Voilà l’apport du BIM.

Concrètement, sur quels points d’un projet de rénovation utilisez-vous la maquette numérique ?

Le BIM permet de faire des simulations facilement afin d’optimiser la conception les travaux. Nous l’utilisons donc notamment pour rénover des copropriétés au niveau énergétique. Elle permet de tester des scénarii, de faire des simulations thermiques. La maquette numérique aide à remodeler l’enveloppe du bâtiment avec des nouveaux matériaux de façade dans le cas d’une isolation thermique par l’extérieur ou en créant des balcons ou des maisons sur le toit. C’est également un outil pour convaincre les futurs utilisateurs ou argumenter auprès de l’architecte des Bâtiments de France.

Comment jaugez-vous la maturité du secteur du bâtiment concernant cette relation entre maquette numérique et rénovation ?

Pour moi, la rénovation est encore le parent pauvre de la maquette numérique. Bien sûr, certains projets comme notre rénovation de la tour « Super Montparnasse » ont obtenu des Prix et distinctions.

Pour autant, les agences d’architecture qui commencent à se mettre au BIM n’ont pas spontanément l’idée de l’utiliser pour la rénovation. Les architectes pensent que la maquette numérique n’est valable que pour les gros projets neufs. C’est faux. Personnellement, j’utilise systématiquement la maquette numérique, même quand mon client ne l’exige pas. C’est un investissement, mais sur le long terme, cela coûte moins cher que de travailler « à l’ancienne ». Avec néanmoins un point important : ces maquettes numériques ont une valeur certaine qui doit être prise en compte dans la rémunération des prestations de l’architecte.

À vous entendre, la maquette numérique est donc utile pour un bâtiment, même quand un projet de rénovation n’est pas encore programmé…

Oui car elle permet aux maîtres d’ouvrages de mieux connaître leur patrimoine. C’est par exemple le cas du Conseil Régional de Bourgogne qui a réalisé la maquette numérique de tous ses lycées. Les usages sont multiples. Cela permet tout d’abord de disposer d’un outil d’analyse du bâti et de réflexion sur la façon dont on peut le rénover. C’est également un outil de compréhension du projet. La 3D est devenu un langage universel. Tout le monde le comprend, y compris les non-spécialistes du bâtiment. Les futurs utilisateurs peuvent facilement se projeter et se prononcer sur un éventuel projet d’aménagement. Bien plus qu’avec les traditionnels perspectives d’architectes.

On parle ici principalement de problématiques très amont…

Pas seulement car la maquette numérique est également utile pour la phase de consultation des entreprises. Elle comprend toutes les quantités et mesures. Cela permet à l’entreprise de passer beaucoup moins de temps pour son offre et on est sûr que les quantités sont exactes. Enfin, elle sert également sur les chantiers en jouant, là encore, un rôle pédagogique pour bien expliquer aux entreprises les travaux à réaliser mais aussi préparer le stade de la gestion – maintenance après le chantier.

À quelle échéance estimez-vous l’usage généralisé du BIM pour la rénovation ?

Tout cela va très vite. D’ici trois à cinq ans, tous ceux qui – dans le neuf ou dans l’ancien -n’auront pas la maîtrise de la maquette numérique « seront morts ». Le service rendu par le BIM est tel que le législateur n’a même pas besoin d’intervenir pour favoriser cette pratique. Beaucoup de clients et de maîtres d’ouvrage l’imposent désormais. Il faut laisser du temps au temps, mais je suis convaincu que la maquette numérique va rapidement s’imposer.

Un article signé OKedito

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