HQE, BREEAM, LEED, DGNB, RGE, BBC, BEPOS, E+C-, ou encore R2S… Que signifient les labels et certifications du bâtiment ? Quels sont leurs objectifs ? Comment les choisir ?
Et demain ?

Comment s’y retrouver dans le dédale des labels et certifications du bâtiment ?

15.06.2018

HQE, BREEAM, LEED, DGNB, RGE, BBC, BEPOS, E+C-, ou encore R2S… S’il y a bien une chose qui foisonne dans le bâtiment, ce sont les labels et les certifications. Tellement nombreux et variés que l’on peut s’y perdre facilement. Mais en quoi sont-ils intéressants ? Quels sont leurs objectifs ? Leurs particularités ? Leurs exigences ? Leurs effets ?… Comment les choisir ? Avec l’aide de Patrick Nossent, président de Certivéa, mettons un peu d’ordre.

La plupart des appels d’offre dans le tertiaire intègrent aujourd’hui l’exigence d’une certification. C’est pour les maîtres d’ouvrage, la garantie de bâtiments performants sur les plans énergétique et environnemental, de bâtiments connectés et au service des occupants. « Sans label ou certification, les bâtiments auront des difficultés à attirer les investisseurs et les locataires, explique Patrick Nossent. Les acteurs de l’immobilier de bureaux visent ces référentiels pour valoriser leur patrimoine, renforcer leur image et diminuer leurs coûts d’exploitation. Les signes de qualité sont désormais indispensables pour émerger dans le marché concurrentiel du bâtiment ! » Mieux : ils permettent à la filière d’anticiper les réglementations futures. Le label BBC (Bâtiment Basse Consommation) est ainsi devenu la règle et E+C- (Bâtiment à Énergie positive et réduction Carbone) pourrait préfigurer la future réglementation environnementale (RE 2020) en France.

Des labels pour des produits, les acteurs et les ouvrages

Quels domaines précis sont concernés par les labels ? Les produits, d’abord : les briques, les fenêtres, les panneaux solaires… Plus de 200 produits différents sont susceptibles d’être certifiés pour leurs qualités. Vient ensuite le tour des acteurs du bâtiment, artisans et bureaux d’études en tête. On pense évidemment au label RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) lancé par l’Etat pour identifier des professionnels compétents spécialisés dans les travaux d’efficacité énergétique et l’installation d’équipements de production d’énergies renouvelables. Les labels récompensent également la valeur ajoutée des ouvrages, bâtiments, infrastructures et quartiers. Parfois en créant un continuum tout au long de la vie des ouvrages, de la conception à l’exploitation, en passant par la rénovation.

Mono ou multicritères, tout est question de choix

Les labels à l’échelle des ouvrages peuvent se rapporter à un seul critère. Les référentiels Passiv Haus ou Effinergie vont ainsi s’intéresser uniquement à la performance énergétique. D’autres certifications répondent à des approches plus larges, sous des angles multithématiques : éco-construction, éco-gestion ou confort-santé, par exemple. « Parmi les plus connus, les labels d’origine américaine LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), britannique BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method), allemande DGNB (Deutsche Gesellschaft für Nachhaltiges Bauen) ou française HQE (Haute Qualité Environnementale) sont multicritères, liste Patrick Nossent. Si tous ces labels tirent la filière vers le haut dans le champ du développement durable, ils se différencient sur leur répartition géographique notamment. En France mais aussi au Brésil ou au Maroc par exemple, HQE domine. Ainsi en France, 40 % des logements et 35 % des surfaces de bureaux mis en chantier sont certifiés HQE. À l’échelle mondiale en revanche, la certification LEED est en tête. »

L’utilisateur au cœur de la labellisation des bâtiments

Autre différence : l’équilibre entre les volets « environnement » et « qualité de vie ». « HQE met l’humain au cœur de ses critères, en prenant en compte à part égale des exigences environnementales et celles liées à la qualité de vie, poursuit Patrick Nossent. Les labels anglo-saxons, quant à eux, se concentrent plutôt sur les aspects environnementaux. Les certifications n’ont pas exactement les mêmes ambitions non plus : BREEAM et LEED sont plus prescriptifs en termes de solution que HQE, qui fixe des objectifs et laisse le soin aux professionnels de choisir les solutions les plus efficaces pour y répondre. C’est également la seule certification internationale à faire intervenir des auditeurs tierce partie pour vérifier les exigences de performance du bâtiment. En bref, si vous voulez choisir le label ou la certification qui conviennent le mieux à votre projet, sélectionnez le système d’évaluation qui correspond à votre philosophie du développement durable. » 

Les nouveaux labels : connectivité et qualité de vie au travail

Aujourd’hui, de nouveaux labels voient le jour. Certains, comme WiredScore ou Ready to Service (R2S), évaluent la connexion internet des immeubles de bureaux, indispensable pour répondre aux nouveaux modes de travail connectés. « Au-delà de la connexion internet, il contrôlera la performance de l’architecture du réseau de distribution des données dans le bâtiment, l’interopérabilité des systèmes, la protection des données et la cybersécurité, avec l’objectif d’apporter des nouveaux services aux utilisateurs du bâtiment » explique Patrick Nossent.

Dernière tendance : les labels qui se préoccupent de la qualité de vie au travail, pour dynamiser les performances des organisations dans le tertiaire. « Dans cette perspective, Certivéa a lancé le label OsmoZ fin mars 2018, confie Patrick Nossent. Ce label prend en compte la santé, l’hygiène de vie, l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, le lien social ou encore les démarches collaboratives. GA Smart Building a participé à la phase amont du lancement, qui a permis de valider le label. GA a en effet réalisé une opération pilote au sein de son siège social Agua à Toulouse, sur trois axes. Cet engagement portant à la fois sur l’immobilier, l’aménagement et la politique RH est essentiel : il maximise les effets de la démarche. »

Certivéa

Certivéa est une filiale du CSTB, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment.

Référence en matière d’évaluation et de certification des bureaux, équipements sportifs, culturels ou de santé, établissements scolaires, hôtellerie, commerce, logistique ou d’aménagement urbains, elle prend en compte la satisfaction et le bien-être de l’humain qui occupe les bâtiments, utilise les infrastructures, vit dans les quartiers.  Certivéa accompagne les acteurs de l’immobilier sur la performance énergétique, l’environnement, la qualité de vie au travail et le numérique.

Certivéa se déploie également à l’international, via sa filiale Cerway, dans 27 pays : Europe, Brésil, Canada, Maroc, Chine…

Un article signé Okedito

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