Coworking : de New York à Shanghai, tour du monde d’une tendance en plein essor, qui révolutionne l'immobilier de bureau.
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Coworking : De New York à Shanghai, tour du monde d’une tendance en plein essor

21.06.2017

Fin 2016, 11 300 espaces de coworking étaient répertoriés sur la planète contre 1 130 en 2011 et 8 700 en 2015. Une croissance à laquelle aucune région du monde n’échappe. Mais les raisons de cet essor, les lieux et le profil des membres sont-ils identiques ? Des Etats-Unis à la Chine en passant par la France, le coworking est-il une tendance socio-économique de fond ? Décryptage.

Si les traditionnels immeubles de bureaux restent la norme à l’international, le déploiement rapide des espaces de coworking gagne à être analysé et comparé en fonction des pays du globe.

La dernière étude sur le sujet, The Global Coworking Survey, publiée par Deskmag fin 2016, précise en effet qu’entre octobre 2011 et octobre 2016, quelque 10 000 espaces de travail partagés ont été ouverts dans le monde. Et prévoit un total de 13 800 espaces occupés par 1 180 millions de coworkers fin 2017.

« Pour la répartition géographique, 31 % des espaces de coworking se trouvent en Amérique du nord. La 2e place, assez étonnante, est prise par la Grande Bretagne qui accueille en son sein 2 9% des espaces. Puis vient la zone Europe-Moyen-Orient-Afrique en totalisant 21 %, l’Asie Pacifique (15 %) et l’Amérique latine enfin, à la traine avec 4 % seulement du total », précise Laurent Botton, directeur du Pôle Workplace Meetings et de Workspace Expo chez Weyou Group. La France en comptant, à ce jour, un peu plus de 400.

Coworking : un départ américain et des besoins communs

Cette tendance générale emblématique des nouveaux modes de travail, et qui favorise l’émergence de nouvelles formes d’organisation du travail, répond-elle aux mêmes besoins ? Pour répondre à cette question, il est d’abord nécessaire de revenir aux origines du coworking. Rappelons ainsi qu’il nait en 2005 aux Etats-Unis, par le regroupement de travailleurs indépendants de l’informatique dans un appartement de San Francisco.

« Si le mouvement est plutôt américain au départ, on en voit naître ailleurs la même année. Au Danemark notamment, avec Republikken, mais aussi à Londres avec The Hub ou encore en Allemagne », rappelle Laurent Botton. Et la tendance a rapidement pris dans les capitales occidentales. À Paris, la Cantine ouvre ses portes en 2008.

« Partout le coworking s’est développé auprès des indépendants ou des start-up. L’idée était en effet de mutualiser un lieu et des outils pour ne pas avoir de charges trop importantes mais surtout de créer et d’entretenir un réseau professionnel. Car le principal enjeu pour les travailleurs indépendants, dont le nombre grossit chaque année en France comme ailleurs, c’est la sociabilisation, insiste Laurent Botton. Puis d’autres acteurs sont venus. Il ne s’agissait plus de regrouper des membres du même domaine mais de créer des écosystèmes, des communautés de travail. Et les entreprises traditionnelles s’y ajoutent depuis quelques années pour des raisons d’efficacité », ajoute le responsable du salon français dédié aux espaces de coworking.

Monde vs France : une même idée du coworking ?

Aux Etats-Unis notamment, de plus en plus d’entreprises prennent des abonnements mensuels ou annuels dans des espaces de coworking de cet immense territoire pour permettre à leurs collaborateurs de travailler lors de leurs déplacements entre deux rendez-vous. Mais c’est aussi vrai en France ou à l’échelle de l’Europe pour de plus grandes entités.

Partout donc les espaces de travail collaboratif se déploient pour les mêmes raisons. Et ils bénéficient aujourd’hui d’une attention particulière des pouvoirs publics en ce sens qu’ils sont perçus comme des lieux propices à l’innovation et adaptés aux nouveaux modes de travail, en particulier en termes de flexibilité.

C’est d’ailleurs ce que souligne le journaliste Charley Mendoza pour l’Asie sur le site Real Views : « De nombreux pays d’Asie du Sud-Est voient de plus en plus le coworking comme un moyen d’encourager l’esprit d’entreprise parmi leurs populations locales. (…) En mars 2015, la première chaîne de coworking du Vietnam, Toong, a reçu un financement à sept chiffres, tandis que The Hub Singapour a levé 1,5 million de dollars australiens d’un business angel anonyme », écrit-il. En 2015, de son côté, Paris a accordé des subventions à hauteur de 2 millions d’euros à 14 lieux de coworking.

Plus globalement, ce que partagent les espaces de coworking du monde c’est la volonté de créer des liens d’affaires, un sens créatif, dans une vision de l’économie non plus hiérarchisée et linéaire, mais collaborative et circulaire. « Lorsque la jeune génération rejoindra le marché du travail, nous verrons de plus en plus de travailleurs freelance en Chine, déclare Shun Lei, directeur de la marque Simply Work (ndrl : espace de coworking chinois) dans les pages du South China Morning Post. Par rapport aux autres générations, ils ont à cœur de travailler avec beaucoup de plaisir, ce qui signifie qu’ils veulent faire quelque chose qu’ils adorent dans un environnement agréable, rencontrer des gens intéressants et collaborer », poursuit-il.

Organisation de l’espace de travail collaboratif : différenciation culturelle ou uniformisation ?

Toutefois, tous les espaces de travail collaboratif ne se valent pas. « Même entre la France, l’Italie ou l’Allemagne, le choix du mobilier, des couleurs ou du sol répond à des codes locaux. En Allemagne par exemple, on ne verra que des sols blancs ou noirs », explique Laurent Botton.

De plus, s’ils se sont d’abord et surtout déployés en milieu urbain, les espaces de coworking gagnent aujourd’hui les banlieues, voire des lieux plus reculés. À Bali, en Indonésie, le premier espace de coworking, Hubud, offre ainsi une vue panoramique sur les rizières.

Mais tous les lieux de travail partagés dans le monde répondent aux mêmes évolutions d’organisation de l’espace et de la communauté. Deskmag montre ainsi que 74% des répondants à son étude mondiale considèrent aussi leur espace comme un lieu pour organiser des évènements, des afterworks par exemple.

Par ailleurs, nombre de lieux, les plus récents en particulier, offrent désormais des activités « extra » à leurs membres. Conférences, séances de yoga, lieux cocooning, ou encore salles de gym et saunas, tout est fait pour fidéliser les membres.

« Outre le lien social et la volonté, non pas de faire travailler côte à côte mais de créer des interactions d’affaires, il y a aussi une évolution commerciale de ces espaces, ajoute Laurent Botton. On trouve donc de plus en plus de chaines de coworking comme WeWork, The Hub ou Kwerk. Dans ces cas, on entre dans des espaces organisés d’une certaine manière et qui se répliquent quasi à l’identique d’un pays ou d’une ville à l’autre.

Pour lui, à l’image du reste de l’économie, les chaines vont se développer et d’autres espaces iront vers des segments plus spécifiques, de niche, comme le très haut de gamme ou l’entrée de gamme.

L’expansion de la marque WeWork semble d’ailleurs confirmer ses dires. Née il y a six ans, cette chaine compte ainsi 189 bureaux partagés dans 48 villes du monde, à New York, Londres, Pékin, Buenos Aires ou encore dans les villes indiennes Bangalore et Bombay. Et ne cache pas ses ambitions à devenir une marque de choix pour les entrepreneurs du globe.

« Aujourd’hui, nous sommes une marque capable de fournir aux entreprises multinationales qui souhaitent s’étendre à l’Inde une base qui peut les aider à attirer des talents et à naviguer dans le paysage local. Et avec plus de 100 sites dans le monde, nous sommes l’endroit idéal pour commencer, pour les entreprises indiennes qui cherchent à développer leur entreprise à l’étranger », assure ainsi Karan Virwani, directeur de WeWork Inde.

Loin d’être uniforme, le paysage mondial du coworking répond cependant à des attentes générationnelles et économiques, et à des évolutions sociétales, communes à la plupart des régions du monde. Mais, prévient Laurent Botton, « ce n’est pas un marché mature, loin de là. Il va encore subir un certain nombre de mutations ». Ce mouvement réserve donc de belles surprises.

Un article Usbek & Rica

Crédits header : WeWork

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