Dans le monde entier, les établissements hôteliers s’engagent peu à peu dans la lutte contre le réchauffement climatique et adoptent les principes d’une économie bas carbone, moins gaspilleuse et circulaire, sans nuire au confort et au charme recherchés par les voyageurs. Déclarée année internationale du tourisme durable par les Nations Unies, 2017 est l’occasion de mettre en lumière les hôtels les plus emblématiques en la matière.
1,5 milliard de touristes voyageront en 2020 selon l’Organisation internationale du Tourisme. Aubaine pour les compagnies de transport et les lieux d’accueil des voyageurs, cette prévision invite cependant à d’indispensables aménagements pour limiter l’impact sur l’environnement de ce tourisme de masse.
Les hôtels, résidences et autres resorts en ont d’ailleurs pris conscience. S’ils étaient rares il y a dix ans, nombre d’établissements vantent aujourd’hui leurs actions pour l’environnement. Preuve de cette implication, les labels et certifications écologiques se multiplient dans l’hôtellerie. À l’image de Green Globe, l’une des certifications les plus reconnues et sérieuses à ce jour, dont l’obtention nécessite de répondre à un maximum de 44 critères (selon le type de structure) déclinés en plus de 300 indicateurs de conformité.
À ce jour, le groupe suisse Mövenpick Hotels & Resorts est celui ayant obtenu le plus grand nombre de certifications Green Globe dans le monde.
Des bâtisses éco-conçues
Parmi les actions entreprises par les hôtels figurent en premier lieu l’attention prêtée à la consommation d’eau et d’énergie. Détecteurs de présence permettant d’optimiser l’éclairage, généralisation des LED ou informations fournies aux clients pour ne pas renouveler leur linge de lit ou serviettes de bain chaque jour, autant d’outils aujourd’hui massivement utilisés par les établissements dans le monde pour économiser les ressources et rejeter moins d’émissions nocives dans l’atmosphère.
Mais certains établissements vont plus loin. Comme l’Ibis Budget de Blagnac aéroport, à proximité de Toulouse. Là-bas, outre une isolation du bâtiment par l’extérieur, ses concepteurs ont choisi de recourir à la géothermie pour les besoins de chauffage, de climatisation et d’eau chaude de l’hôtel. L’établissement est ainsi doté d’un ensemble de 19 sondes verticales de 100 mètres de profondeur faisant également office de système de stockage thermique souterrain, reliées à deux pompes à chaleur. Et 110 m2 de capteurs solaires complètent le dispositif pour produire l’eau chaude sanitaire en été.
Le Boutique-hôtel URBN de Shangaï, en Chine, a lui aussi multiplié les efforts pour limiter son impact. Ouvert en 2008, il est reconnu comme le premier hôtel neutre en carbone de Chine.
Offrant 26 chambres dans une ambiance chic et élégante, il est pourtant le fruit de la transformation d’un ancien entrepôt d’usine pour laquelle des matériaux recyclés et locaux ont été utilisés. Il est également équipé de panneaux solaires et de murs végétaux. Quant à sa décoration intérieure, ses concepteurs ont opté pour des peintures écologiques et des objets vintage récupérés.
Bio et local, deux tendances émergentes
Mais les mesures prises par les hôtels pour réduire leur empreinte environnementale dépassent la conception et la gestion énergétique des lieux. Dans cet élan, l’attention portée au nettoyage, aux déchets, au gaspillage alimentaire, aux produits proposés aux clients et même au transport se déploie parmi les équipes.
À Bali, au cœur d’une nature luxuriante, le Shunyata Villas Bali, s’est ainsi vu remettre le titre de meilleur hôtel pour le développement durable d’Asie, en 2016, dans le cadre des World Luxury Hotels Awards. Car, En plus du bois, principal matériau de construction du complexe, les piscines y sont traitées de manière biologique, le ménage réalisé à partir de détergents naturels et le potager entretenu sans aucun additif chimique.
Sur le continent américain cette fois, dans l’Etat de New-York, le Greenporteur, un petit établissement de 30 chambres, a souhaité avoir une approche globale. Son équipe y cuisine bio avec des produits locaux. Elle réalise également muffins et autres pâtisseries sur place pour réduire les déchets et les coûts de transports de produits emballés. Et est formée pour composter les épluchures de légumes, le marre de café et autres biodéchets qui serviront ensuite à fertiliser naturellement le jardin.
Et les hôtels et groupes français ne sont pas en reste. Le Club Med promeut ainsi l’innovation verte. Première piscine naturelle à Guilin en Chine, ou « jardins filtrants » à Albion, sur l’île Maurice, pour purifier les effluents en utilisant des plantes aquatiques et réutiliser l’eau traitée pour l’irrigation, le groupe comptabilise 40 certifications Green Globe.
À Paris, le plus récent et emblématique est sans doute le Solar Hotel. Se présentant comme le « premier hôtel économique, écologique et militant », il est doté de panneaux solaires pour l’éclairage des façades, d’un système de récupération des eaux de pluie pour l’arrosage du jardin et des plantes, et propose pour toute nuit payée un petit déjeuner bio inclus. Surtout, il encourage ses clients à la mobilité douce en mettant gratuitement à disposition des vélos.
Education au changement
L’inventeur du Solar Hotel, Franck Laval, mise d’ailleurs sur la diffusion des bons gestes pour réellement entrer dans l’ère du tourisme durable. « Nous voulons arriver à prouver que l’hôtellerie française est largement adaptée à l’écologisation », indique-t-il. Mais « éviter la catastrophe écologique, passe avant tout par la formation », poursuit-il. En 2019, Quatre « écoles-hôtel Solar » seront ainsi ouvertes en banlieue parisienne, pour « donner envie aux jeunes du secteur de changer les choses ».
Ces enjeux de sensibilisation et de formation, le groupe Club Med s’en préoccupe aussi. Il forme donc ses GO et sensibilise ses GM. Des nettoyages de plages propres sont par exemple organisés dans de nombreux Villages. Au Brésil et aux Maldives, le Club Med travaille à la protection des récifs coralliens et invite les GM à parrainer la réimplantation de coraux, souligne aussi le groupe. Et des jardins pédagogiques sont proposés aux enfants (à Bali , Marrakech, Opio, La Palmyre, Guilin, etc.).
Autant d’actions et d’engagements qui, avec l’aide des voyageurs, feront du tourisme, et de l’hôtellerie en particulier, des acteurs green friendly.
Un article signé Usbek & Rica