Pour mieux comprendre les enjeux de la construction en bois découvrez l'interview du Directeur général d’Ossabois, Michel Veillon.
Et demain ?

« Privilégier la mixité des matériaux : bois, béton et métal »

30.05.2018

Début 2018, le leader hexagonal des logements en bois, Ossabois, a rejoint GA Smart Building. À son actif, un millier de logements en bois par an et plus de 2 000 modules de chambres préfabriquées à destination notamment des résidences étudiants et des hôtels. Ses structures d’immeubles et ses modules sont préfabriqués dans trois usines à travers la France (Puy-de-Dôme, Loire, Vosges). Pour mieux comprendre en quoi le bois répond aujourd’hui aux défis de la filière construction, nous avons interviewé le Directeur général d’Ossabois, Michel Veillon, qui est aussi le Président de la Commission construction bois au sein du Comité stratégique français de la filière bois.

Dans la construction, la filière bois tient une place particulière. Pourquoi ?

D’abord parce que le bois représente un gain de délais notable pour le maître d’ouvrage et le maître d’œuvre. Comme tout est réalisé en usine et en amont, les délais de chantiers se voient réduits de 30 à 60 %. Cette réduction des délais est particulièrement impactante lorsque le maître d’ouvrage est celui qui va l’exploiter. Prenez le cas d’un exploitant d’hôtel, de logements étudiants, d’un EHPAD, d’un Center Parc ou d’un bailleur social… Pour eux, 30 à 60 % de temps gagné, c’est autant de chiffre d’affaires en plus côté exploitation. Dans le cas par exemple d’un ouvrage destiné au tourisme, quand la construction hors-site en bois permet de gagner une saison.

Le bois présente-t-il d’autres avantages ?

Fabriquées hors site, les constructions en bois occasionnent de faibles nuisances sur chantier. Elles permettent de bâtir à des endroits où la construction traditionnelle ne le peut plus. C’est notamment le cas en milieu urbain, où les maires des villes sont montrent de plus en plus réticents vis-à-vis des chantiers qui s’étalent sur un an et occasionnent de la poussière, du bruit et des embouteillages. Le bois dans la construction représente aussi un net avantage en pleine nature où l’environnement nécessite d’être préservé, comme à la campagne. Chez Ossabois, nous avons par exemple réalisé un hôtel sur pilotis, à 40 cm du sol, à Clairefontaine, afin de respecter le biotope. L’ouvrage, qui ne perturbe ni le flux de l’eau, ni celui des animaux, s’est intégré harmonieusement au milieu de la flore existante. Le bois permet aussi de construire en zone difficile comme lorsqu’un terrain est contraint, en pente par exemple, ou bien lorsqu’il se situe sur une zone sismique. Il est en effet prouvé que le bois réagit mieux que le béton face aux secousses.

Quel est son impact sur l’environnement ?

Si l’affichage du bilan carbone d’une opération immobilière n’est pas à ce stade pas une obligation, rien ne dit que cela ne sera pas le cas demain, du moins dans certaines zones ou quartiers. Or le mode constructif en bois émet moins de gaz carbonique. Et la construction en bois étant à la fois structurelle et isolante, le chauffage du bâtiment va nécessiter moins d’énergie. C’est l’une des raisons pour lesquelles les acteurs de la construction se tournent aujourd’hui vers la construction en bois. Il faut savoir qu’actuellement 25 % des émissions de CO2 proviennent de la filière construction. Alors qu’à l’issue de la Cop 21, la France s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions d’ici 2030, puis de 75 % d’ici 2050, par rapport au niveau de 1990, il en va de la responsabilité d’une filière dans son ensemble que d’accompagner ce mouvement. En réduisant l’émission de CO2, l’arbitrage en faveur du bois constructif peut sérieusement contribuer à réduire de moitié les émissions de CO2 de la filière.

Est-on sur la bonne voie ?

Il faut regarder la réalité en face : le « tout bois » n’est pas envisageable car le bois ne permet pas toujours de résoudre la question des grandes portées ou de structurer les grandes hauteurs. Pour obtenir des façades modernes, qui favorisent la lumière naturelle, l’idéal est de privilégier la mixité des matériaux, et d’inclure à la fois le bois, le béton et le métal. Ceci précisé, un constat s’impose : la part de marché du bois tout secteur de construction confondu reste inférieure à 10 % contre un indice entre 20 et 30 % dans les pays scandinaves ou en Allemagne. Cet écart est dû d’abord à des cultures de la construction différentes. La France hérite d’une forte culture béton : nous exerçons en effet un leadership technique et industriel mondial en matière de béton. Regardez les tours et les ponts que nous construisons dans le monde entier, ces ouvrages sont le fruit d’innovations techniques réalisées par des ingénieurs français. Ne gâchons pas cette maîtrise si parfaite du béton. Mais optimisons sa performance en l’associant avec du bois partout où cela est possible.

© Simon Stankowski / unsplash

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