Eric Cassar imagine des modes de vie dans le smart building en créant des connexions entre architecture physique et numérique.
Et demain ?

Ouvrir les nouveaux possibles du smart building

16.02.2018

L’ingénieur et architecte Eric Cassar imagine des modes de vie dans le bâtiment avec des espaces au pluriel, partagés, connectés, qui évoluent dans le temps. Fondateur du bureau ARKHENSPACES, lauréat 2017 du grand prix européen « Le Monde » Smart Cities, il travaille depuis des années à créer des connexions entre architecture physique et architecture numérique.

Le bâtiment de demain sera-t-il très différent de ce qui existe aujourd’hui ?

Éric Cassar – Nous réfléchissons au futur du smart building depuis longtemps déjà, 12 ans au moins, depuis la fondation de notre bureau d’architecture, d’urbanisme et de design ARKHENSPACES en 2005. Savez-vous ce qu’ARKHENSPACES signifie ? Étymologiquement, Akhè désigne à la fois le commencement et le commandement. Il est à l’origine du mot architecture. En mathématique, N indique un nombre entier naturel. Et en anglais, Spaces qualifie l’espace, ou plutôt les espaces au pluriel. L’arrivée du numérique dans le bâtiment transforme ce que l’on connaît. Chez ARKHENSPACES, nous travaillons à la création d’espaces, d’environnements connectés. Alors oui, le bâtiment de demain s’éloigne de la conception des immeubles actuels. Aujourd’hui les immeubles se différencient par leur façade , demain, ils se distingueront par leurs espaces, mais aussi par leurs connexions, leurs réactions et leurs “services”. Le smart building bien pensé nous fera passer de l’idée d’une surface à une notion de lieu de vie, ce qui lui ajoute un “supplément d’âme” a priori.

Concrètement, est-ce que cela signifie que l’on construira différemment ?

E.C. – L’uniformisation a longtemps régné dans la construction Nous sommes en train de passer de bâtiments monofonctionnels, à l’instar des immeubles de bureaux aujourd’hui, à une conception bien plus diversifiée, mêlant calme et animation, ombre et lumière. Nous allons rompre la monotonie. Nous n’aurons plus uniquement à « ordonner » des espaces. Nous devrons « coordonner » des environnements dans l’espace-temps, à l’heure, en temps réel. Les amphithéâtres pourront se transformer en salles de cinéma au fil d’une journée. Pluriel, notre environnement devient élastique. Il s’adapte. Nous nous déplacerons selon nos besoins et nos envies. Les bâtiments seront interopérables et en partie modulaires. Cela ne passera pas nécessairement par des disruptions technologiques. En revanche, les constructeurs devraient davantage miser sur des modèles intégrant des espaces flexibles, transformables, adaptables, aux propriétés et accessibilités multipliées.

Comment imaginez-vous cette évolution ?

E.C. – Cette évolution est amorcée mais nous n’en sommes qu’au début. Déjà, dans le tertiaire, nous sommes passés de bureaux cloisonnés aux open spaces puis aux flex-offices, et nous nous dirigeons vers des bureaux déployés en fonction des usages et des besoins. Nous devrions vivre un phénomène similaire au passage du téléphone au smartphone. J’explique : quand l’iPhone a été dévoilé, la rupture était telle que beaucoup n’y croyaient pas. Et Apple a remporté les marchés. Les autres portables ont rapidement été obsolètes, car les constructeurs n’avaient pas pensé en amont un appareil capable d’accueillir simplement les nouveaux usages. La même évolution sera sans doute vécue dans le bâtiment. Si les constructeurs n’anticipent pas les nouveaux modèles de smart building et leurs espaces diversifiés, leurs immeubles seront bientôt hors course. Ils doivent donner une place importante au numérique local pour connecter les espaces entre eux. Le réseau digital permettra d’appréhender l’occupation des espaces et de suivre les déplacements des usagers « anonymisés » dans ces bâtiments. Non seulement cette connaissance permettra de mieux partager les espaces et de faire émerger des services et de l’entraide, mais en plus elle permettra de gérer la fourniture d’énergie au bon moment, au bon endroit, en bonne quantité. De passif, le bâtiment devient ainsi actif, plus efficace, économe, organisé, diversifié. La transformation est en marche et les perspectives sont infinies.

Un article signé OKedito

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