Plus de 500 000 logements et plus de 2 000 bâtiments non résidentiels, soit 85 millions de m², sont certifiés haute qualité environnementale HQE™ dans le monde aujourd’hui. Sans oublier en plus 73 projets d’aménagement urbain. Preuve que le savoir-faire français séduit les professionnels du bâtiment dans le monde entier. En première ligne des pays les plus impliqués pour HQE™, le Brésil avec 7 millions de m² certifiés, suivi par le Maroc. En tout, 26 pays sont concernés, en Europe, Amérique, Afrique… L’Asie leur emboîte le pas désormais. En Chine, cinq villes viennent d’être primées Écocité, engagées dans la certification HQE™ Aménagement.
Conscient que le bâtiment a un rôle majeur à jouer face à l’urgence climatique et à la raréfaction des ressources, le Brésil est le premier pays à s’être rapproché des normes durables made in France. Dès 2014, Cerway (1) et la Fundação Vanzolini (2) se sont alliés pour lancer la double certification AQUA/HQE™. Le principal atout de la certification HQE™ est en effet sa capacité d’adaptation au contexte local. C’est d’ailleurs toute sa différence avec d’autres labels internationaux, qui s’en tiennent aux références de leur pays d’origine. Or, le Brésil est très différent de la France, tant du point de vue climatique, réglementaire ou des usages dans la construction. « Avec la certification HQE™, nous bénéficions d’un système de gestion pour planifier la prise en compte du développement durable d’un projet dès sa conception, avec des critères pertinents, cohérents et équilibrés en ce qui concerne la qualité de la vie et l’impact sur l’environnement, souligne Manuel Carlos Reis Martins, Coordonnateur Exécutif du process AQUA/HQE™ à la Fundação Vanzolini. C’est pour cela que nous l’avons associée à AQUA (3), notre certification locale. » Aujourd’hui, les opérations AQUA/HQE™ sont nombreuses au Brésil. Parmi elles, les plus emblématiques concernent le Parc Madureira à Rio de Janeiro, avec ses panneaux solaires, son système d’irrigation par eau de pluie et son jardin des sens destiné aux malvoyants, le projet d’urbanisme de Damha à Sao Paulo, ou encore le village olympique 2016 situé face à la baie de Rio, conçu comme un écoquartier, avec ses 16 000 m² de toits verts et sa gestion exceptionnelle des déchets (85 % des déchets réutilisés).
Des écocités pour construire des villes nouvelles au Maroc
Autre pays, autres ambitions, mais même exigence vis-à-vis du développement durable : le Maroc applique de plus en plus les normes françaises de qualité environnementale pour ses bâtiments. C’est même le pays le plus dynamique au monde pour ses programmes certifiés HQE™, comparé à la taille de son marché immobilier. « Pour répondre à ses enjeux démographiques et lutter contre le manque de logements, le Maroc prévoit de construire des villes nouvelles, rapporte Patrick Nossent, Président de Cerway. Le projet de transformation d’un bidonville de 8 000 habitants en une écocité moderne pour accueillir 300 000 personnes à Zenâta, entre Casablanca et Rabat, est en ce sens exemplaire. Ce n’est pas un hasard si son nom signifie « la ville de tous les élans ». » Le modèle de Zenâta met avant tout l’accent sur l’emploi avec l’objectif de créer 100 000 postes grâce au développement industriel et agricole, et à des activités à forte valeur ajoutée (un pôle santé intégré et un campus universitaire international notamment). Un parti-pris urbain fort a été défini et des engagements ont été pris, tant sociaux qu’environnementaux. « Un projet de certification HQE™ est en cours, poursuit Patrick Nossent. Le plan de construction prévoit de favoriser la mixité des logements, d’implanter la ville selon les principes bioclimatiques (une orientation plein sud pour éviter le recours au chauffage, près de la mer pour récupérer la fraîcheur sans climatisation…), de créer des corridors de mobilité propre avec un tramway et des pistes piétonnes et cyclables. » Et ce n’est pas tout : des centrales solaires seront installées pour alimenter la ville en énergie, l’éclairage public sera entièrement à base de LED et les infrastructures communiqueront par fibre optique. Dans cette ville considérée comme le plus important programme d’aménagement urbain durable du continent africain, les premiers habitants s’installeront dès 2020.
Des écocités pour désengorger les mégalopoles en Chine
13 millions d’habitants à Shenzhen, 18 millions à Beijing, 19 millions à Shanghai… Pour le gouvernement, il est urgent de désengorger le développement urbain de la côte chinoise, saturée. Il a donc missionné la China Ecocity Academy (4), pour proposer à des villes de l’arrière-pays de s’engager dans une démarche d’écocité. L’objectif est de créer des pôles urbains attractifs, agréables à vivre, dynamiques et écologiques, afin d’accueillir de nouveaux habitants de façon durable. « Dans cette perspective, la China Ecocity Academy a sollicité l’aide de la France, comme celle d’autres pays européens, du Japon ou encore de Singapour, confie Cristina Garcez, Directrice des stratégies urbaines au CSTB (5). Nous avons noué un partenariat avec le gouvernement chinois et conclu un contrat avec la China Ecocity Academy pour accompagner les projets d’une dizaine d’écocités. » Dès 2017, la démarche a été amorcée par l’équipe française, constituée par l’urbaniste David Mangin pour la conception et le CSTB pour les volets techniques liés à l’environnement, pour cinq villes pilotes : Qingyun, Jingzhou, Panshi, Jilin/Chaluhe et Foshan/Nanzhuang. L’approche proposée est globale, fondée sur un urbanisme intégré et durable. « Très concrètement, nous sommes allés sur place en Chine et nous sommes intéressés aux opportunités et aux contraintes de chaque ville, pour adapter nos préconisations, en collaboration avec les élus locaux, décrit Cristina Garcez. Nous avons pris soin de considérer l’histoire, la culture et les atouts des territoires, d’intégrer les besoins des populations existantes… Notre ambition est bien de bâtir des villes chinoises, respectant les modes d’architecture et de construction chinois, pas des cités françaises. Néanmoins, nous avons respecté les principes des écocités, avec des modes de mobilité doux et des transports en commun, une gestion écologique de l’eau et des écosystèmes, la réhabilitation des quartiers existants et la préservation du patrimoine local, une stratégie énergétique bas carbone et l’application de l’économie circulaire. » L’équipe d’urbanisme du CSTB a réalisé des îlots de démonstration, qui soulignent par exemple l’intérêt des bassins de filtration, pour dépolluer les eaux. L’engagement des villes pilotes a par ailleurs été renforcé par un audit HQE™, qui valorise leur démarche de développement durable. À l’issue de cet audit, les cinq villes ont reçu leur attestation pour la qualité de la conception de leur aménagement urbain. « Les constructions ont démarré et les investisseurs espèrent livrer dès 2021, conclut Cristina Garcez. Tout va très vite en Chine. Depuis octobre 2018, le CSTB accompagne deux nouvelles villes chinoises dans leur démarche Ecocité. Prochainement, nous nous engagerons avec cette même approche au Brésil et en Amérique du sud, où la demande est forte. Une nouvelle fois, nous serons présents en amont des projets pour faire appliquer les critères HQE™, garants de villes durables où il fait bon vivre ! ».
(1) Cerway est l’opérateur chargé de la promotion de l’offre globale HQE™ à l’international
(2) La Fundação Vanzolini, gérée par des professeurs d’ingénierie de l’École Polytechnique de l’Université de São Paulo, est le premier organisme de certification des systèmes de gestion au Brésil.
(3) Alta Qualidade Ambiental
(4) La China Ecocity Academy (CECA) est l’organisme chinois chargé de la mise en œuvre de la politique urbaine nationale
(5) Le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment
Un article signé OKedito