Quand art rime avec respect de l’environnement ! L’artiste plasticienne Imogen Ohlson a réutilisé les cartes de vœux papier non utilisées de GA pour en faire deux véritables œuvres d’art qui seront installées dans les bureaux de GA Paris et dans Agua le siège toulousain. Rencontre dans les locaux d’ICI Montreuil avec cette artiste engagée.
Imogen Ohlson est assise sur un petit bureau dans un atelier aux murs colorés par des traces de bombes de peinture. « Je travaille ici depuis un an, mais je ne m’installe pas toujours dans cette pièce, c’est l’atelier des graffeurs et des arts urbains, certains viennent ici travailler la nuit », explique-t-elle. L’artiste plasticienne anglo-suédoise parle avec délicatesse. Une paire de ciseaux dans les mains, elle découpe soigneusement des cartes de vœux de GA. « J’ai une formation en design textile, mais j’aime créer des œuvres abstraites, travailler les matières et le collage » poursuit-elle avec son charmant accent. Passionnée par le dessin et les portraits, son travail est traversé par la présence de motifs floraux, d’élements naturels et d’animaux. « J’ai grandi en bord de mer à la campagne dans les Cornouailles en Angleterre. Créer est une manière de s’évader, une manière de me replonger dans mes souvenirs au contact de la nature ». Récemment, elle a conçu des installations à partir de découpages et de collages de papier. « C’est une matière sensuelle, on peut faire beaucoup de choses avec. La façon de découper peut donner des choses étonnantes. Et puis le papier a une personnalité. C’est quelque chose de vivant qui réagit différemment au découpage, au collage, à la prise avec une couleur ».
Créer, tout en recyclant
Aujourd’hui, elle finalise l’une des deux installations imaginées pour les locaux de GA. Une frise #HappyAtWork de 1m90 à partir du collage de minuscules papillons et une fresque représentant le logo de GA composé de milliers de pétales bicolores. Sa matière première ? Les cartes de vœux 2016 de GA inutilisées. Créer tout en recyclant, comme une contrainte créative stimulante respectueuse de l’environnement et tout à fait dans l’air du temps. « C’est un vrai pari de créer à partir d’objets qui existent déjà. C’est une idée très intéressante », s’amuse-t-elle. « Je peux jouer avec les couleurs, le texte et la typographie. L’idée est de créer un effet d’optique ». Jouant sur le déplacement de points de vue, ses installations prennent souvent différentes couleurs en fonction de l’angle avec lequel elles sont regardées.
Concentrée, Imogen Ohlson continue son découpage. Un véritable travail de fourmi. « Je suis plutôt patiente dans la vie » confie-t-elle. « Et puis pour moi le découpage a quelque chose de méditatif et d’assez rythmique ». Dans les locaux d’ICI Montreuil elle se sent comme chez elle et semble connaître tout le monde. « Ça c’est Marion, elle est créatrice de bijoux et aussi graphiste » explique-t-elle. Elle salue Wandrille et l’interroge « Comment est-ce que tu définis ton travail toi ? » Il lui répond en souriant : « Ici ? Je suis « écosystème manager », un mélange entre concierge, G.O et connecteur. Sinon dans la vie je suis designer ». Cet espace créatif ouvert en 2012 regroupe plus de 160 artistes, artisans et start-up de la création dans les locaux de l’ancienne usine de fabrication de matériel électrique Dufour.
Dans les 1 700 m² aménagés et décorés avec soins, cohabitent des ateliers collectifs, un vaste espace de coworking, un laboratoire de prototypage avec plus de 45 machines disponibles pour travailler de nombreuses matières, mais aussi un restaurant et une salle d’exposition ! Le week-end et les vacances scolaires, cet espace solidaire et collaboratif propose aussi des stages et des formations, de l’artisanat à l’informatique pour les professionnels et les particuliers. L’idée ? Rassembler créateurs et habitants autour de valeurs communes et permettre à chacun de s’approprier les outils en favorisant l’émulation créative.
Sur le mur d’à côté, Imogen Ohlson pointe du doigts des collages aux couleurs saturées. « C’est JBC, un street artist d’ici ». En ce moment il travaille sur une exposition à Malakoff. Sur le bureau juste derrière elle, l’équipe de Water Light Graffiti teste un prototype d’installation lumineuse. « J’aime beaucoup leurs installations qui tournent un peu partout dans le monde, notamment dans des aéroports. C’est assez magique » confie-t-elle. « Ici il y a vraiment des gens qui ont des idées ! Tout le monde suit sa passion. Que ce soit dans le travail du bois, les arts visuels, le blogging… Certains se sont même reconvertis ! », s’enthousiasme Imogen. « L’ambiance du lieu est très inspirante, ça bouillonne de créativité ! La barre est haute mais ça me motive beaucoup. Chaque personne a son empreinte personnelle et je pense que cela aide à trouver la sienne. »
A l’entrée des locaux, dans le bureau des deux fondateurs d’ICI Montreuil, l’une de ses installations habille tout un pan de mur. Une œuvre composée à partir de minutieux découpages dans une immense toile violette représentant une vague ciselée qui change de couleur selon l’endroit où l’observateur se place. Comme une belle métaphore du mouvement et de l’instant créatif qui pourrait bien inspirer les visiteurs et les nouveaux résidents de ICI Montreuil.
Imogen Ohlson expose ses œuvres depuis le 15 juillet dans les locaux du magazine Causette à Paris, 121 rue de Charonne dans le 11e arrondissement.
Un article signé Usbek & Rica